lundi 15 septembre 2008

Benoît XVI et le Judaïsme

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Benoît XVI et le Judaïsme
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Je publie ci-dessous, d’une part, des extraits du discours de Benoît XVI adressé vendredi 12 septembre 2008 à la communauté juive de France et les réactions à ce discours (source : liberation.fr). Et d’autre part, la version intégrale de ce discours (source : Nonciature Apostolique à Paris). Ce tout récent discours de Benoît XVI aux Juifs de France qui constitue, selon le grand rabbin Joseph Sitruk, je cite, un « rapprochement historique entre le judaïsme et l’Eglise ». Miguel Garroté
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1- Benoît XVI : « Etre antisémite, c'est être antichrétien ».
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(Début des extraits du discours de Benoît XVI) - Le pape Benoît XVI a déclaré qu’« être antisémite », c’est « être antichrétien », en rencontrant des représentants de la communauté juive à Paris, vendredi, au premier jour d’une visite de quatre jours en France. « L’Eglise s’élève contre toute forme d’antisémitisme dont aucune justification théologique n’est recevable », a déclaré le souverain pontife. Et il a relevé que le théologien Henri de Lubac « a compris qu’être antisémite était aussi être antichrétien », a-t-il ajouté. « Une fois encore, je tiens à rendre un profond hommage à ceux qui sont morts injustement et à ceux qui ont oeuvré pour que les noms des victimes restent en mémoire », a-t-il affirmé. Le pape a aussi souligné «le rôle éminent» joué par les Juifs de France dans l’histoire de France. « Je ne peux omettre, en une occasion comme celle-ci, de mentionner le rôle éminent joué par les Juifs de France pour l’édification de la Nation tout entière, et leur prestigieuse contribution à son patrimoine spirituel », a souligné le pape. « Ils ont donné - et continuent de donner - de grandes figures politiques, intellectuelles et artistiques », a-t-il ajouté. « Je forme des voeux respectueux et affectueux à l’adresse de chacun d’entre eux, et j’appelle avec ferveur sur toutes vos familles et sur toutes vos communautés une bénédiction particulière du Maître des temps et de l’Histoire », a-t-il dit. « Il a une attitude d’humilité, c’est un homme très simple, il nous a reçus comme des amis, j’ai été sincèrement séduit », a déclaré le grand rabbin Joseph Sitruk, parlant d’un « rapprochement historique entre le judaïsme et l’Eglise », à l’issue de la rencontre avec le souverain pontife. Interrogé sur la laïcité, le grand rabbin a estimé que « la venue du pape tombait à point pour rappeler qu’on peut être un Français laïc et croire en Dieu ». Pour sa part, le président du Consistoire central israélite de France, Joël Mergui, a parlé d’une rencontre « courte et intense » (ndlr : courte à la demande de la communauté juive en raison de l’entrée dans le shabbat) traduisant selon lui « une volonté réciproque de poursuivre le dialogue entre les juifs et les catholiques sur des sujets de société comme la famille et les préoccupations quotidiennes ». Au sujet de la « laïcité positive », le président du Consistoire a assuré que c’était un « concept de plus en plus admis dans la société ». « Différentes identités se côtoient et ont tout intérêt à se respecter », a-t-il ajouté, estimant par ailleurs qu’il était nécessaire de mener une « action en direction des nouvelles générations » (Fin des extraits du discours de Benoît XVI).
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Source :
http://www.liberation.fr/actualite/societe/351673.FR.php
© Libération
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2- Benoît XVI lors de sa rencontre avec la Communauté Juive de France.
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(Début du discours de Benoît XVI) - « avec plaisir que je vous reçois ce soir, chers amis. Il est heureux que notre rencontre se place à la veille de la célébration hebdomadaire du shabbat, ce jour qui, depuis des temps immémoriaux, tient une place si importante dans la vie religieuse et culturelle du peuple d’Israël. Tout juif pieux sanctifie le shabbat en lisant les Écritures et en récitant les Psaumes. Chers amis, vous le savez, la prière de Jésus aussi était nourrie par les Psaumes. Il se rendait régulièrement au Temple et à la synagogue. Il y a même pris la parole un shabbat. Il y a souligné avec quelle bonté Dieu l'Eternel prend soin de l’homme, jusque dans l’organisation du temps. Le Talmud Yoma (85b) ne dit-il pas : « Le shabbat vous est donné, mais vous n'êtes pas donné au shabbat » ? Le Christ a appelé le peuple de l'Alliance à toujours reconnaître la grandeur inouïe et l’amour du Créateur de tous les hommes. Chers amis, à cause de ce qui nous unit et à cause de ce qui nous sépare, nous avons une fraternité à fortifier et à vivre. Et nous savons que les liens de fraternité sont une invitation continuelle à se connaître mieux et à se respecter. Par sa nature même, l’Église catholique désire respecter l’Alliance conclue par le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Elle s’inscrit, elle aussi, dans l’Alliance éternelle du Tout Puissant dont les desseins sont sans repentance, et elle respecte les fils de la Promesse, les fils de l’Alliance, ses frères aimés dans la foi. Elle redit avec force par ma voix les paroles du grand Pape Pie XI, mon vénéré prédécesseur : « Spirituellement, nous sommes des sémites » (Allocution à des pèlerins belges, 6. 09. 1938). Ainsi, l’Église s’élève contre toute forme d’antisémitisme dont aucune justification théologique, n’est recevable. Le théologien Henri de Lubac, dans une heure « des ténèbres » comme disait le Pape Pie XII (Summi Pontificatus, 20.10.1939), a compris qu’être antisémite était aussi être antichrétien (cf. Un nouveau front religieux, publié en 1942 dans : Israël et la Foi Chrétienne, p. 136). Une fois encore, je tiens à rendre un profond hommage à ceux qui sont morts injustement et à ceux qui ont oeuvré pour que les noms des victimes restent en mémoire. Dieu n’oublie pas ! Je ne peux omettre, en une occasion comme celle-ci, de mentionner le rôle éminent joué par les Juifs de France pour l’édification de la Nation tout entière, et leur prestigieuse contribution à son patrimoine spirituel. Ils ont donné - et continuent de donner - de grandes figures politiques, intellectuelles et artistiques. Je forme des voeux respectueux et affectueux à l’adresse de chacun d’entre eux, et j’appelle avec ferveur sur toutes vos familles et sur toutes vos communautés une Bénédiction particulière du Maître des temps et de l’Histoire. Shabbat Shalom ! » (Fin du discours de Benoît XVI).
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Source :
Nonciature Apostolique à Paris
http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=430348
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Il est intéressant de constater que Benoît XVI, dans sa définition du Judaïsme, s’inscrit dans la lignée de Saint Bernard et de Jacques Maritain. Notamment lorsque Benoît XVI rappelle que l’Église catholique désire respecter l’Alliance conclue par le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ; que l’Eglise s’inscrit, elle aussi, dans l’Alliance éternelle du Tout Puissant dont les desseins sont sans repentance ; que l’Eglise respecte les fils de la Promesse, les fils de l’Alliance, ses frères aimés dans la foi ; et que l’Église s’élève contre toute forme d’antisémitisme dont aucune justification théologique n’est recevable. Voilà bien dans la bouche de Benoît XVI, une série de déclarations théologiques, de portée historique, que les fidèles catholiques feraient bien de transmettre à certains curés. Certains curés anti-américains, antisionistes et de ce fait, quoi qu’il puissent alléguer, la main droite sur le coeur, antisémites et judéophobes… Sans oublier la réaction du grand rabbin Joseph Sitruk, parlant d’un « rapprochement historique entre le judaïsme et l’Eglise ». Et puisque ce rapprochement est historique, à nous de le faire entrer dès maintenant et pour toujours dans l’histoire du 21e siècle. Miguel Garroté
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