Société Générale :
L’Etat français moque ses citoyens.
Miguel Garroté
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Le Président Directeur trop Général, de la Société dite Générale, fournit, des explications très générales, sur une affaire, qui mérite, des mesures, non pas générales, mais radicales. Il se trouve que j’ai travaillé, quelques années, d’une part, pour le Service de Presse du PDG de Nestlé International et, d’autre part, pour la European Round Table (ERT). L’ERT rassemble les PDG d’une quarantaine de multinationales, notamment européennes. Dans ce cadre, j’ai fréquenté des patrons, des analystes financiers, des juristes et des journalistes économiques.
De ce fait, je peux attester, qu’en Allemagne ou en Suisse par exemple, une perte de 4,9 milliards d’euros, de la part d’une société privée, aurait entraîné les conséquences suivantes : primo, une conférence de presse internationale (presse nationale et correspondants étrangers) avec la présence du PDG, du Directeur Général Finance, Contrôle et Administration, du Directeur Finance, du Directeur Juridique, du Porte-parole et du Chargé des Relations avec les Analystes financiers, les Actionnaires et les Investisseurs ; secundo, la démission, avec effet immédiat, du PDG, du Directeur Général Finance, Contrôle et Administration et du Directeur Finance au minimum.
En France, en revanche, il semblerait qu’en pareil cas, à savoir la perte de près de 5 milliards d’euros, on incrimine un jeune homme de 31 ans et rien de plus. Mais reprenons tout cela.
Thierry Lévêque, dimanche 27 janvier, pour le service français de l’agence Reuters, écrit : « La garde à vue de Jérôme Kerviel, trader accusé par la Société Générale d'une mise hors du commun de 50 milliards d'euros ayant entraîné une perte de 4,9 milliards, a été prolongée dimanche (…) ‘Ça progresse bien et dans de bonnes conditions’, a déclaré aux journalistes Jean-Michel Aldebert, chef de la section financière du parquet » (ndlr je suppose qu’Aldebert plaisante).
« Son avocat (ndlr de Kerviel) Christian Charrière-Bournazel a déclaré dimanche soir à Reuters qu'il (ndlr Kerviel) n'avait commis aucun délit : ‘Il n'a commis aucune malversation, n'a pris aucun centime pour lui-même, il n'a fait que son travail en essayant de le faire bien. Personne ne l'a désavoué. Il prenait quelques risques mais c'est pour ça qu'il était payé. La banque a liquidé ses positions dans des conditions atroces, c'est donc elle qui est responsable de la perte de 4,9 milliards d'euros’, a-t-il (ndlr maître Christian Charrière-Bournazel) ajouté » (ndlr il faut en effet une sacrée dose d’incompétence ou d’autre chose pour bazarder une mise hors du commun de 50 milliards d'euros sur des produits liés à des indices boursiers au mauvais moment).
« ‘Les positions prises par Jérôme Kerviel avaient permis au 31 décembre 2007 de faire gagner potentiellement à la Société Générale 1,5 milliard d'euros, et la responsabilité de la perte incombe à la banque’, selon lui. Dans une note explicative (ndlr une note un dimanche, quel courage !) envoyée à la presse dimanche, la Société Générale indique que c'est une mise astronomique de l'ordre de 50 milliards d'euros - soit davantage que le PIB du Maroc - sur des produits liés à des indices boursiers qui a provoqué la perte » (fin de la dépêche Reuters).
Toujours dimanche 27 janvier, l’AFP écrit : « Henri Guaino, conseiller du président Nicolas Sarkozy, a affirmé dimanche qu'il fallait réfléchir à ‘la manière de corriger les règles’ d'un système bancaire ‘devenu fou’, lors du grand jury RTL/Le Figaro/LCI (ndlr Guaino veut ‘réfléchir’ car le système est ‘fou’ ; et quid de l’agir ?). ‘C'est un système de fraude visiblement qui a été découvert par la Société Générale’, a déclaré sur France 5 le ministre délégué au budget Eric Woerth. ‘J'imagine qu'on pointe du doigt ce trader d'une façon précise parce que c'est le cas’, a-t-il poursuivi. ‘Mais je pense que la Société Générale a dû faire le tour du sujet et met en cause l'un de ses employés à juste titre’, a dit le ministre » (ndlr c’est donc tout ce que trouve à dire Woerth sur France 5 et c’est un ministre qui parle : ‘j’imagine qu’on pointe du doigt’ dit-il…).
« Les avocats de M. Kerviel ont déclaré par téléphone que leur client n'avait ‘commis aucune malhonnêteté’, accusant la banque de vouloir ‘élever un écran de fumée’ pour masquer ses pertes (…) Un dirigeant de la banque a réaffirmé que ‘rien à ce stade ne (permettait) de penser’ que le trader mis en cause avait ‘bénéficié de complicités tant internes qu'externes’, même s'il ne pouvait pas ‘l'assurer à 100%’ (ndlr s’il ne peut ‘l’assurer à 100%’, pourquoi ouvre-t-il sa grande bouche ?) (…) Les avocats de Jérôme Kerviel ont contre-attaqué dimanche soir. Maîtres Elisabeth Meyer et Christian Charrière-Bournazel ont dénoncé ‘les conditions volontairement précipitées et tout à fait anormales’ dans lesquelles la banque ‘a liquidé des positions qui auraient pu se redresser avec le temps’ » (ndlr c’est juste et je note, qu’en France, les avocats, s’y connaissent mieux, que les PDG bancaires, en questions boursières et financières…).
« ‘En s'acharnant sur Jérôme Kerviel, la banque croit pouvoir élever un écran de fumée qui détournerait l'attention du public de pertes beaucoup plus substantielles qu'elle a accumulées ces derniers mois, notamment dans l'invraisemblable équipée des subprimes’. Une porte-parole de la banque n'a pas souhaité commenter les déclarations des avocats de M. Kerviel (ndlr alors qu’elle démissionne !) » (fin de la dépêche AFP).
Lundi 28 janvier, l’AFP écrit, dans une nouvelle dépêche : « …le chef de la section financière du parquet de Paris a souligné que l'enquête progressait de manière ‘extrêmement fructueuse’ (ndlr je suppose qu’Aldebert plaisante à nouveau ou alors ils se fiche de notre pomme). Le magistrat a précisé que Jérôme Kerviel avait apporté ‘des éléments très intéressants’ aux enquêteurs qui tentent d'y voir clair sur la manière dont il aurait contourné les multiples protections de la banque (ndlr Aldebert parvient à dire cela sans éclater de rire, une prouesse). Les enquêteurs cherchent aussi à savoir s'il a agi seul et à connaître sur ses motivations (ndlr ah, quand même…) » (fin de la dépêche AFP).
Guy Sorman, vendredi 25 janvier, soit avant l’AFP et le service français de Reuters, avait déjà résumé l’essentiel, dans l’article intitulé Bouton démission que voici : « Le PDG de la Société Générale est au choix, un escroc ou un nul incompétent : dans les deux cas, il aurait déjà dû démissionner ou être viré par son Conseil. Le Gouverneur de la Banque de France qui supervise les banques françaises, devrait logiquement présenter ses excuses à la nation et se retirer. Ce serait déjà fait en Allemagne ou au Japon, des pays sérieux ».
« Après le scandale du Crédit Lyonnais, poursuit Guy Sorman, on espérait que les banques étaient gérées comme des entreprises : ce n'est pas le cas. Pour l'économie française, c'est dramatique. Il ne peut y avoir de croissance sans institutions financières fiables, auprès des épargnants français et mondiaux. Voilà qui illustre combien le rapport rétro futuriste d'Attali passe à côté de l'essentiel : l'économie dépend des institutions, banques, justice, Etat de droit, fiscalité et pas de sornettes, sur les coiffeurs et pharmaciens. L'affaire de la Société Générale nous renvoie malheureusement au vrai Mal français : des institutions économiques corrompues » (fin de l’article de Guy Sorman).
Avec le foutoir de la Société Générale, l’Etat français, une fois de plus, moque ses citoyens. Merci à Guy Sorman, de l’avoir écrit, sur son blog, quarante-huit heures avant les timides élucubrations, de l’AFP et du service français de Reuters. Une fois de plus, les « petits » blogues, devancent, en temps et en indépendance, les « grandes » agences de presse et les médias qui les relayent. A noter que plus récemment, Nicolas Sarkozy et Rachida Dati ont sous-entendu que la Société Générale doit assumer. Ah oui ?
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