IRAN : UN SEUL RAID OU
DES MILLIONS DE MORTS ?
Miguel Garroté
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Dans la revue Commentary, édition à paraître en février, Norman Podhoretz, journaliste, écrivain et philosophe, revient, sur l’option militaire, face à la bombe atomique iranienne : « Quand j’avais prédit il y a environ un an que Monsieur Bush bombarderait les sites nucléaires iraniens, une fois qu’il aurait épuisé toutes les futiles tentatives de la diplomatie, les obstacles qui se dressaient devant lui n’étaient pas insurmontables. Aujourd’hui, à cause, en grande partie, d’un nouveau rapport du NIE (communauté des services secrets américains), ces obstacles sont devenus énormes ».
Norman Podhoretz poursuit : « …je m’en tiens à ma ‘prédiction’ concernant Bush, avec une confiance ‘faible à moyenne’. Monsieur Bush a raison de comparer 2008 à 1938. En 1938, comme l’a dit plus tard Winston Churchill, on aurait pu arrêter Hitler à bas prix et on aurait pu sauver de la mort des dizaines de millions de vies, si seulement l’Angleterre et la France ne s’étaient pas fait des illusions à propos de la réalité de leur situation. Mutatis mutandis, en 2008, c’est pareil, alors que l’Iran peut être arrêté dans sa course à la bombe nucléaire ».
Et Norman Podhoretz conclut : « Des vies humaines peuvent encore être sauvées, à condition que nous ayons le courage de voir la réalité en face et d’agir en conséquence. Sinon, les forces en marche vont inéluctablement et aveuglément laisser l’Iran obtenir sa bombe et ses forces finiront par avoir raison de la détermination clairvoyante de Georges W. Bush ; de la même façon que les forces d’apaisement ont eu raison de W. Churchill en 1938. Et dans cette alternative, nous devrions tous prier afin que le prochain président ait assez de temps pour assumer la responsabilité que Georges W. Bush a été forcé d’abandonner et afin que ce successeur ait le courage et la vision de l’assumer. Dans le cas contraire – que Dieu nous vienne en aide à nous tous ! – la scène aura été montée pour le déploiement d’une guerre nucléaire, de laquelle on n’échappera pas, alors qu’aujourd'hui on peut l’éviter ». Traduction : Albert Soued. Adaptations : Miguel Garroté. Texte original : Norman Podhoretz, editor-at-large, Commentary, February issue, « Stopping Iran : why the case for military action still stands ».
Il y a dix jours, le Journal du Dimanche, confirmait, que le « Premier ministre israélien, Ehoud Olmert, a déclaré que l’Etat hébreu n’écartait ‘aucune alternative’ pour empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire. Il s’agit de la déclaration la plus explicite du dirigeant israélien de son intention d’user éventuellement de la force militaire si la République islamique venait à se doter de la bombe. ‘Il est hors de question qu’Israël se résigne à avoir un Iran nucléarisé’, a déclaré le Premier ministre israélien devant la Commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, ajoutant que toutes les options étaient ‘légitimes’ », concluait le Journal du Dimanche.
Le même jour, selon une dépêche Reuters, « le président américain George Bush a déclaré depuis Abou Dhabi que l’Iran menaçait la sécurité partout dans le monde en soutenant les extrémistes et il a exhorté les pays du Golfe à affronter ce danger avant qu’il ne soit trop tard. Le chef de la Maison blanche a aussi accusé Téhéran d’être le premier soutien du terrorisme et de chercher à saper la paix en appuyant le Hezbollah libanais, le Hamas palestinien ou les activistes chiites en Irak ». Or depuis, les pays du Golfe ont résolument tourné le dos à l’exhortation de Bush.
Je note que Norman Podhoretz, tout en écrivant qu’il avait prédit que Bush bombarderait les sites nucléaires iraniens et qu’il s’en tient à sa prédiction avec une confiance faible à moyenne, tout en écrivant cela, Norman Podhoretz écrit, un peu plus loin, dans le même texte, que nous devrions tous prier afin que le prochain président ait assez de temps pour assumer la responsabilité que Georges W. Bush a été forcé d’abandonner. J’en déduis que pour Podhoretz, une frappe américaine contre l’Iran, si elle devait se réaliser, n’aurait pas lieu avant 2009.
Je note, aussi, que le Premier ministre israélien Ehud Olmert a déclaré, devant la Commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset (Parlement israélien), qu’il est hors de question, qu’Israël se résigne, à avoir un Iran nucléarisé. Enfin, je note que le Président américain Georges W. Bush a exhorté les pays du Golfe à affronter le danger (notamment nucléaire) iranien avant qu’il ne soit trop tard. Or depuis, les pays du Golfe ont résolument tourné le dos à l’exhortation de Bush.
Si je relie entre elles, les déclarations de Norman Podhoretz, de Ehud Olmert et de Georges W. Bush, déclarations qui ne sont tout de même pas fortuites et décousues ; et si j’en tire une conclusion de bon sens, cela donne, à peu près, ceci : « Bush a été forcé d’abandonner », dixit Podhoretz. « Il faut affronter le danger iranien avant qu'il ne soit trop tard », dixit Bush. « Il est hors de question qu’Israël se résigne à avoir un Iran nucléarisé », dixit Olmert. Fort bien. En clair, cela signifie donc, que Bush a été forcé d’abandonner ; qu’il faut affronter le danger iranien avant qu’il ne soit trop tard ; et qu’il est hors de question qu’Israël se résigne à avoir un Iran nucléarisé. Je n’invente rien. Je tire une conclusion de bon sens.
Mais alors, si je décrypte encore un peu plus, tout cela signifie qu’il faut affronter l’Iran, avant qu’il ne soit trop tard, car il est hors de question, que l’Iran soit nucléarisé. Or, Bush a été forcé d’abandonner cet affrontement. Et les pays du Golfe ont tourné le dos à l’option de cet affrontement. Par conséquent, Bush et les pays du Golfe, volontairement ou involontairement, poussent Israël, à affronter le nucléaire iranien, avant qu’il ne soit trop tard. C’est à dire en 2008. Nous ne ferons donc pas de reportages, cette année, dans les régions désertiques de Busher et de Natanz. Dommage. C’est beau, le désert persan. Par temps calme.
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