mardi 25 mars 2008

JO de Pékin : aï, aï, dalaï


JO de Pékin : aïe, aïe, dalaï

Lundi 24 mars, l’Agence France Presse (AFP) informe qu’à Olympie (Grèce), le dirigeant de Reporters sans Frontières Robert Ménard a « perturbé la cérémonie d'allumage de la flamme des jeux Olympiques de Pékin ». L'AFP ajoute que Robert Ménard mènera des actions jusqu'au 8 août, date de l'ouverture des Jeux. Robert Ménard a été emmené par la police grecque de Pyrgos, à 80 km d'Olympie et a été interrogé, résume l’AFP.

Robert Ménard s'était approché de la tribune officielle pendant le discours du responsable communiste chinois du Comité d'organisation des jeux. « Ce que l'on veut c'est que les chefs d'Etats étrangers boycottent la cérémonie d'ouverture des jeux. Nous n'avons rien contre les JO, rien contre les athlètes. Nous alertons les Etats sur le fait que la Chine est la plus grande prison du monde », a déclaré Robert Ménard.

Le même lundi 24 mars, l’AFP informe que le président Nicolas Sarkozy a adressé au président communiste chinois Hu Jintao un message lui faisant part de sa profonde émotion à la suite des événements tragiques récents (ndlr la répression sanglante de manifestations pacifiques, répression qui a causé au moins 130 morts). La France était restée jusque-là très discrète sur la situation au Tibet, précise l’AFP. A l'inverse, la Grande Bretagne s'est déclarée prête à rencontrer le dalaï lama. Et l’Allemagne a cessé ses pourparlers avec la Chine en matière de développement économique.

Mardi 25 mars, lexpress.fr cite les propos du ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner interviewé sur Europe 1 : « La première des exigences, avant de parler des Jeux olympiques qui se tiendront au mois d'août, ce serait l'accès au Tibet et dans les autres provinces pour que les journalistes puissent faire leur travail (…) Arrêtons de parler du boycott, personne ne réclame, surtout pas le dalaï-lama, le boycott des Jeux olympiques, ne soyons pas plus tibétains que le dalaï-lama (…) On a un absolu besoin d'être efficace, c'est-à-dire prendre en compte à la fois la position des Chinois et celle de nos amis tibétains ».

Et Kouchner de poursuivre : « Il faudrait trouver une façon de parler avec les Chinois, une façon d'exiger, de permettre que les Chinois parlent avec les Tibétains (…) Si la cérémonie d'ouverture ou si les Jeux olympiques permettent cela, de la façon la plus insistante, la plus douce et la plus têtue possible, eh bien ce sera bien ». Kouchner a émis l'espoir que les ministres des Affaires étrangères des 27 pays de l'Union européenne, qui se réuniront vendredi en Slovénie, adoptent une position commune parce que « cette répression n'est pas supportable », a conclu Kouchner, toujours cité par lexpress.fr.

Dans le Figaro du 21 mars, Ivan Rioufol notait : « Cinq mois avant les Jeux olympiques de Pékin, l’insurrection des jeunes moines tibétains. Ils reprochent aux Chinois de favoriser une immigration de substitution aboutissant à un ‘génocide culturel’. ‘La langue, les coutumes, les traditions du Tibet sont en train de disparaître’, se plaint le dalaï-lama. Le prix Nobel de la paix s’est toujours tenu à la non-violence. Comment ne pas l’aider dans son combat contre un totalitarisme qui a entrepris de nier l’existence d’un peuple ? Le boycott de cette grande foire aux dopés que sont devenus les JO reste un moyen ».

Si j’ai bien vu et entendu André Glucksmann sur FOG ce week-end – je n’étais pas très concentré et il y avait du brouillard – le philosophe français vient lui aussi d’appeler au boycott des JO de Pékin. Quant à moi, je n’ai pas, en matière de boycott, de leçons à donner. Ivan Rioufol écrit que le boycott « reste un moyen ». Il n’écrit pas que « c’est le moyen » ou que « c’est le seul moyen ». Je suis donc plutôt d’accord avec la formule selon laquelle le boycott « reste un moyen ».

Car le boycott ou le non boycott ne se réduit pas à un choix entre le bien absolu ou mal absolu. Si le boycott est un moyen, il faut définir les objectifs et l’ordre de priorité de ces objectifs. Une fois ceux-là fixés, on peut alors redéfinir les moyens. De même, on ne peut pas maintenir des objectifs et des priorités que l’on n’a pas les moyens d’atteindre. Un boycott n’est pas un concert amateur et bénévole. Bien sûr, tout cela n’est que bon sens. Cela va de soi, n’est-ce pas ? Mais le bon sens va d’autant plus de soi quand on le rappelle…

Or justement, sur les objectifs du boycott et sur l’ordre de priorité de ces objectifs, je n’ai pas lu, vu et entendu grand chose, excepté la simple et seule formule « droits de l’homme ». Au-delà de la formule, j’aurais aimé connaître les objectifs très précis et très concrets du boycott par rapport à l’avancée des droits de l’homme. Sans quoi, on risque de faire avec le dalaï tibétain la même erreur qu’avec la dame au cursus franco-colombien. Les stars plus ou moins ridées des droits de l’homme seront alors une fois de plus exposées à la lumière gratifiante (quoi que…) des spots médiatiques. Mais les opprimés resteront des opprimés. Et les droits de l’homme n’avanceront guère.

Je soutiendrai fermement le boycott des JO de Pékin sur les sites et les blogues qui accueillent mes articles lorsqu’on m’aura convaincu de l’efficacité et de l’honnêteté de ce moyen qu’est le boycott. Dans l’intervalle, je dirai, comme Ivan Rioufol, que le boycott « reste un moyen ».

Miguel Garroté

http://www.monde-info.blogspot.com

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